Charlotte de Bouteiller
Hypnothérapeute et micronutritionniste à Choisy-le-Roi

L'hypnose modifie t-il notre cerveau ?


L’hypnose a des effets objectifs sur notre cerveau. On en est désormais certain.

Plusieurs publications ont permis d'éclairer les coulisses du cerveau plongé en état d'hypnose. Et il apparaît plus clairement que jamais que cet état hypnotique ne ressemble à aucun autre : ni à l'éveil, ni au sommeil et pas plus à la méditation. Lorsque l'on demande une définition de l'hypnose à Marie-Elisabeth Faymonville, chef du service d'algologie et du Centre de la douleur du CHU de Liège en Belgique, pionnière dans l'utilisation de l'hypnose en hôpital, elle répond : - « Il s'agit d'un processus d'immersion dans un état de conscience différent, où le jugement, la perception et la notion du temps peuvent être modifiés ».

Les différents types d'hypnose

Depuis son apparition au XVIIIe siècle avec Mesmer, non pas le célèbre "magnétiseur" d'aujourd'hui, mais un médecin viennois installé à Paris qui, pour traiter ses patients, cherchait à provoquer chez eux des "crises", différents types d'hypnose ont été développés. On peut distinguer l'hypnose directe, où le thérapeute adopte une posture autoritaire, ou encore l'autohypnose, qui permet de se conduire soi-même dans cet état de transe. Mais la majorité des hypnothérapeutes pratiquent aujourd'hui des méthodes influencées par l'hypnose Ericksonienne, du nom du psychiatre américain Milton Erickson, dans laquelle le patient, centre de l'attention et acteur de sa guérison, n'est pas dirigé mais accompagné. Ce qui distingue radicalement cette pratique de l'hypnose de spectacle, où l'hypnotiseur impose sa volonté.

Le self-control désactivé

Tandis que le conscient est occupé à comprendre cette phrase, il se crée « une phase de dissociation entre l'inconscient et le conscient et entre le milieu extérieur et le corps lui-même. Le self-control est, pour ainsi dire, désactivé », poursuit le chercheur. Et la transe hypnotique commence.

 

Selon les travaux du professeur de psychiatrie Martin Orne, le patient revient spontanément à l'état naturel de conscience en 10 à 15 minutes environ. Les praticiens doivent donc régulièrement faire des "rappels" pour prolonger la transe lors des séances d'hypnose, qui durent entre 30 minutes et 1 heure environ.

En pratique, l’Hypnothérapeute ne donne pas d'ordre, reprend Jean-Marc Benhaiem – « c'est un accompagnateur qui, par le choix des mots et la conversation, amène le patient à élargir sa perception et à l'ouvrir aux problèmes et solutions dont il est intérieurement déjà conscient ».

Mais derrière ces mots précis qui décrivent des sensations somme toute très personnelles, existe-t-il des effets réellement mesurables, reproductibles et quantifiables ?

Depuis quelques années, on sait que la réponse est oui.

 

« Alors que l'hypnose est pratiquée depuis des décennies en psychiatrie ou en hôpital, sa portée neurologique n'a, elle, été découverte que ces dernières années », souligne Steven Laureys, professeur de neurologie à l'université de Liège en Belgique. Et notamment grâce à une étude publiée en 2016 par des chercheurs américains, qui a mis en valeur trois changements majeurs du cerveau sous hypnose ».

 

Pour ce faire, l'équipe a tout d'abord sélectionné 56 participants considérés comme hautement ou, au contraire, faiblement hypnotisables, puis comparé leur activité cérébrale à l'aide d'examens d'IRM fonctionnelle lors de quatre états différents : au repos, pendant une phase éveillée de souvenirs, sous hypnose en se remémorant des vacances sans émotion particulière, et sous hypnose en se remémorant un moment particulièrement agréable.

Et les résultats sont révélateurs !

Ils ont d'abord constaté une diminution de l'activité dans le cortex cingulaire antérieur dorsal, signant, selon Steven Laureys « le moment de la perte de contact avec l'extérieur, la création d'une bulle, et en même temps l'ouverture à la suggestion ». A aussi été mesurée une augmentation des connexions vers des structures qui jouent un rôle important dans le contrôle corporel ou dans les processus d'émotion, d'empathie et de temporalité. « Et en effet, on s'aperçoit que l'attention sous hypnose se porte fortement sur les sensations internes », commente Steven Laureys.

 

Enfin, les IRM ont révélé une réduction de la connectivité entre le réseau du contrôle exécutif. C'est probablement là que repose la caractéristique la plus inhérente à l'hypnose, qui la différencie totalement d'autres états de conscience altérés comme la méditation : le détachement vis-à-vis de soi-même et de ses pensées et actions, la perte de l'esprit critique et même, dans certains cas, l'amnésie.

Il se crée lors de l'hypnose une dissociation entre conscient et inconscient, entre le milieu extérieur et le corps lui-même

 

L'état hypnotique correspond à une attention hautement focalisée, avec une sensibilité périphérique réduite, résume David Spiegel, responsable de cette étude. On se préoccupe moins de porter attention à autre chose que ce qui est au centre de notre attention.

 

Et cet état peut amener l'hypnotisé à réaliser des prouesses intellectuelles, pour peu qu'il soit correctement guidé. L’équipe de Marie-Élisabeth Faymonville a par exemple comparé le débit sanguin des différentes zones cérébrales chez des patients amenés à se souvenir d'un moment particulier à l'état d'éveil, puis sous hypnose.

 

Résultat : « Sous hypnose, les individus présentent une stimulation cérébrale plus élevée, assure la chercheuse. Ils activent leurs régions occipitales, siège de la vue, comme s'ils voyaient vraiment, mais aussi leurs régions pariétales, comme s'ils ressentaient vraiment, ainsi que la région précentrale comme s'ils bougeaient vraiment. De plus, ils ont l'impression de revivre ce moment, et non pas de s'en souvenir. »

Un état de conscience qui provoque

• Un détachement vis-à-vis de ses actions : l’activité entre le cortex préfrontal dorsolatéral (réseau du contrôle exécutif, au centre) et le cortex cingulaire postérieur (réseau du mode par défaut, à droite) est réduite. Cela se traduit par une perte du sens critique et un détachement vis-à-vis de soi-même et de ses propres actions.

 

• Une attention hautement focalisée : le niveau de connexion entre l'insula (réseau en lien avec les sensations corporelles intérieures, en bas) et le cortex préfrontal dorsolatéral (réseau du contrôle exécutif, au centre) s'accroît. L'attention se porte sur les sensations internes, les émotions, les fonctions corporelles, et ce focus est favorable à la relaxation.

 

La création d'une « bulle intérieure » : l'activité du cortex cingulaire antérieur (qui fait le tri entre les informations perçues) diminue. Cela entraîne la perte de contact avec tout ce qui n'est pas au centre de l'attention, dont le milieu extérieur. Les émotions négatives associées à la douleur sont écartées, et en même temps, le sujet s'ouvre à la suggestion.

Ce n’est pas l’Hypnothérapeute mais l’individu qui a le pouvoir

Voilà le véritable « truc » de l'hypnose ! Elle booste notre capacité d'attention à l'objet central de nos pensées.  « Nous avons tendance à penser que c'est l'hypnothérapeute qui a le pouvoir, mais il n'en est rien : c'est l'individu », insiste Jean-Marc Benhaiem.

L'hypnose, loin d'être magique, est totalement humaine

Pour autant, « si le champ d'action de l'hypnose est potentiellement immense, ce n'est pas non plus un remède miracle » avertit Steven Laureys.

 

Extrait- Source : Université de Liège


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